«L'invisible araignée de la mélancolie étend toujours sa toile grise sur les lieux où nous fûmes heureux et d'où le bonheur s'est enfui.»
Boleslaw Prus
Le fil imperceptible :
entre toi et le reste du monde,
entre nous,
entre vous,
entre eux et tous les autres.
Ce fil qui relie l'insaisissable, qui unit les gens.
J'ai des idées qui naissent dans le creux de mon coeur, mais qui s'évanouissent sur le bout de ma langue, elles fondent. Elles se taisent, donc je me tais. Certaines choses sont nées sans mots, et c'est bien comme ça. Un silence vaut parfois mille mots, un regard aussi. J'apprécie le silence, ils dessinent des fils un peu partout.
De la musique, du bruit, je suis d'accord, mais pas tout le temps.
Tourner la page du calendrier provoque en moi de l'anxiété. J'appréhende l'arrivée du mois de novembre, c'est déjà le mois prochain. Déjà.
Je me revois, l'année dernière, à même date, le coeur léger, rigolant à tort et à travers, je ne savais pas combien tout allait s'assombrir, si vite. Certaines choses sont nées sans mots, certains sentiments sont indescriptibles, tant ils sont prenants et peuvent nous hâcher, nous découper en mille miettes. Je suis encore en colère. Très en colère.
J'ose penser que notre fil est encore là, qu'il est encore bien solide, que tu es encore là, que je t'ai entendu me souhaiter bon anniversaire, il y a deux semaines, que tu es à côté de moi, tous les matins, quand je prends ta voiture, celle que tu aimais tant, que tu es là, quand je pense à toi, seule, assise dans mon salon.
Le silence, c'est bien, oui. Bravo.
Maintenant, le fil est tout emmêlé.
