lundi 9 mai 2011

Soap-opera 1

"Écrire un feuilleton consiste à faire des boucles sur une calvitie"
Karl Kraus

Vous vous êtes sûrement déjà fait ce genre de réflexion, mais il est temps de crier haut et fort les illogismes des dialogues de certains feuilletons. Je dis feuilletons, mais il arrive parfois la même chose dans quelques romans. Voici quelques scènes et échanges communs (déjà vus de tous) qui me tapent éminemment sur les nerfs :

1-

Claudine et Paul sont dans le salon. Nouvellement amoureux, ils s’embrassent, enlacés confortablement dans le sofa, ils passent un agréable moment. Tout à coup, le téléphone sonne. Claudine s’exaspère et soupire, elle doit répondre et couper ce moment si précieux avec Paul. Elle se lève et décroche.

« Oui allô? »
…..
« Non, vous vous êtes trompé de numéro... ».

Claudine retourne s’asseoir sur le canapé auprès de Paul qui s’empresse de l’agripper à nouveau. C’est alors qu’il sort cette fameuse phrase : « Bon…. On en était où, nous… déjà ? »…

Insupportable.

Et voici notre charmante Claudine qui ricane et qui embrasse à nouveau son prince charmant (qui sortira avec sa meilleure amie dans une semaine, ce qui, évidemment provoquera une grosse dispute et le suicide de celle-ci).


2.

Annie et Sophie sont de très bonnes amies. Même si elles ont souvent eu des hauts et des bas, l’amitié a toujours fini par prendre le dessus. Récemment, Annie a eu beaucoup de difficultés dans sa vie personnelle. Elle a divorcé et Sophie s’est beaucoup investie pour lui donner toute l’aide qu’elle pouvait. Annie n’y a pas toujours porté attention, elle a même accusé Sophie d’avoir volé une de ses bagues, la semaine dernière, lors de son déménagement. Hier, Annie a retrouvé la bague dans ses affaires, mais n’a pas osé le dire à Sophie. Elle décide donc de l’inviter à souper. Pendant la soirée, elle lui annonce qu’elle a retrouvé sa bague. Encore une fois, Sophie réagit bien  (elle comprend tout cette Sophie), elle sait qu’Annie est très orgueilleuse.

La soirée terminée, Sophie annonce qu’elle va rentrer chez elle. Elle enfile son manteau et dit au revoir à Annie en lui priant de prendre soin d’elle. Annie reste assise à table (les personnages des feuilletons ne raccompagnent jamais leurs convives à la porte). Sophie met la main sur la poignée, ouvre la porte et se dirige vers l’extérieur. Un dialogue typique s’ensuit :

Sophie : « À bientôt Annie.. »

Sophie met un pied dehors.

Annie : « Sophie… ? Attends… »

Sophie se retourne


Silence.

Annie : « Merci. »

Sophie sourit, se retourne humblement et part (satisfaite et compréhensive) sans dire un mot.

Annie aura su enfin s’ouvrir les yeux (wow). Je ne sais même pas si Sophie ferme vraiment la porte, car la scène se termine bien avant.



3-

Cet échange se passe au téléphone et dans ce cas-là, j’ai toujours l’impression que l’on nous prend pour des débiles. Ça c’est pour qu’on comprenne rapidement qui parle à qui et quelle est la relation qui unit les personnages entre eux.

-Oui allô?
-Germain?
-Ah, Martin ! Salut mon grand frère !”


Qui, dans la vie, dit salut mon grand frère  à son frère? Et ça continue ainsi:

- Comment va papa?
- Tu sais, plus ça change, plus c’est pareil… il est toujours avec sa femme..
- Oui, sacrée Lucie, tu parles d'une belle-mère!
- Si Papa ne s’était pas remarié il y a 10 ans, après le départ de Maman, notre vie aurait été différente !”

Évidemment, il est important de toujours spécifier, à chaque discussion téléphonique, le mariage passé de notre père.

« 
-         Junior est mort.
-         Tu te souviens de ma plante verte ? Il s’est intoxiqué.
-         Oui. C’était un brave chat. Son poil noir et blanc ressemblait à un tuxedo.
-         Oui… »

De plus, habituellement, Marilyne et Caroline raccrochent sans même se dire bye, elles n’ont besoin que d’un ok extra informel.



Il y en a une multitude comme ça, je pense même que ça mériterait une deuxième partie…

 On s'en lave les mains?

Ok.

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